Je suis étudiant à Epitech. L’école pratique pour la première fois un échange universitaire avec une université chinoise à Dalian. C’est un évênement important car c’est une organisation complètement différente qui va devoir être gérée. Même problème pour l’université de Dalian qui n’a jamais reçu d’étrangers. Et pour nous, les français, une histoire inoubliable qui commence.
8h du matin, heure chinoise.
On arrive à Shanghai. Premiers contacts avec les caractères chinois, première vision de la Chine par le hublot…
… et première rencontre aussi avec QQ, qui pourrait être l’emblème de la Chine tellement il la représente (non j’ai pas dis que la Chine et les Chinois ressemblait à des pingouins). QQ c’est à la fois un bonbon, une voiture (de nain), le MSN made in China (où il faut payer pour avoir un meilleur avatar), et un tas de cochonnerie (des bonbons).
Il fait super humide et lourd à Shanghaï… l’enfer en boite ! L’aéroport est énorme. Après un bazar dingue avec les valises (et un passage comique où des chinois en viennent presque à s’entretuer – à moins que ça soit leur manière de communiquer -), on décolle direction Dalian à 9h20. 2h de trajet, un avion qui décolle en une fraction de seconde, et un atterissage limite imperceptible. On n’a quand même le temps d’absorber un rapide repas chinois d’avion : un bout de canard dans un papier à bonbon (trop bizarre !), des gâteaux à la rose , et une sorte de cake sans goût.
Dès que l’avion s’arrête on descend immédiatement (à peine 20 secondes d’attente). Les chinois, c’est des speedés ! Bon, attendez : où est-on exactement ? Pour mieux situer, voici une petite carte de la Chine.
Dalian n’est pas directement indiquée, mais repérez Pékin, partez sur la droite et rendez-vous à Shenyang, et descendez à la pointe de cette avancée de terre, et Dalian se trouve ici, au bout. Wow, mais ça doit être une vrai station balnéaire !
A l’aéroport de Dalian, on récupère nos bagages, et nous attends déjà un petit comité d’accueil : en fait 2 chinoises de l’université, dont une qui parle un peu français. On monte dans un bus de l’université et on est parti. Première vision de la Chine ! En fait, comme l’aéroport se situe entre Dalian et l’université, les premières images que l’on a sont celles de la proche banlieu, qui ressemble à un recoupement bâtard entre le bidonville et le ghetto… c’est dark, ambiance, funky, communiste, un peu rouge parfois, malpropre, jaune fluo … qui veut une carte postale de la post-apocalypse ?
Dalian by day, pas terrible, mais Dalian by night, qu’est-ce que ça va être ?!
Beaucoup de gens en vélos (pas mal de triplaces), des motos sans phares et toutes noires de poussière, des voitures retapées à coups de marteau, et d’autres véhicules sans nom (notamment beaucoup de vélos transformés en camion de transport). Tous ces gens sont complètement fous au volant, plus aucune des priorités n’existe, ils klaxonnent tous et déboullent à la n’importe nawak’ et de tout côtés… et le bus dans lequel on est n’est pas une exception. Sur les bords de la route, on aperçoit un nombre très conséquent de petits commerces (si j’puis dire) : ça va des navets étendus à même le bitume, aux turbines électriques, et allez savoir ce qui se trame dans les bâtiments même ! On arrive à l’université assez rapidement (oui car en fait elle se trouve au milieu de ce fourbi). Il est 12h30. On ne peut pas ignore que l’on est attendu : une grande banderole se trouve à l’entrée de l’université, et au milieu d’une myriade de signes chinois se trouve le nom de l’école. Vous êtes sûrs ? C’est vraiment ici que l’on va ?
Il fait très sombre, très humide, et on trouve des bâtiments neufs au milieu de bâtiments complètement glauques et délabrés, voire abandonnés. On passe devant ce qui à priori est l’hôpital. Vu sa tête, je crois que si je devais crever, j’irai plutôt directement à la morgue ! L’ambiance est assez bizarre, je me m’attendais vraiment pas à une telle vétusté.
On s’arrête devant notre résidence. Là aussi, une autre banderole : « L’université des Industries Légères de Dalian Souhaite que Vous Vous Sentiez Comme Chez Vous ». Touché !
Une foule de chinois nous regarde comme si on était une bande d’aliens débarquant du cosmos, et finalement je me dis que l’on vient réellement d’un autre monde… mais on reste humain avec la possibilité (éventuelle, à l’occaz, why not) de communiquer ! Il y a un petit escalier à monter pour rejoindre le centre au milieu des résidences, et deux chinois se jettent littéralement sur moi pour me prendre mon sac et me le monter, j’ai le temps de ne rien dire. Je les remercie comme je peux (on aurait quand-même du apprendre à dire « merci » avant d’arriver… menfin, on est pas français pour rien).
Attribution des chambres nos chambres, et dès lors que j’ai les clés en main j’ai mon nouveau colloc qui arrive. Les dents en vrac mais il a l’air gentil. Il m’aide à gravir les 5 étages pour atteindre notre chambre. Je remarque qu’il a quand-même beaucoup de difficulté à m’aider à porter mon sac. Ce gars là ne respire ni la joie de vivre ni le dynamisme. La chambre fait à peu près 25m² avec une vue sur une partie du campus (énorme d’ailleurs).
Par contre, Dent-en-vrac n’a pas l’air d’avoir un sens artistique très développé. La chambre est blanche, très morne, aucune décoration, même pas de poubelle, d’ordinateur, de console, de plante ! Il y a bien des livres mais je suis incapable de dire de quoi ça parle. Et le pire : il y a aussi une sorte de console du moyen-age, plaqué d’une petite télé avec un écran de 5cm, et de grosses cartouches que l’on plante au dessus. Une sorte d’ersatz de Super Nintendo. On trouve aussi une fontaine à eau (potable j’espère ! sinon c’est trop tard, aargh) qui à priori a été mise là seulement pour les français, et les chinois n’ont pas droit d’y toucher… Je m’aperçois un peu plus tard qu’il y a plein de papiers et de bouquins sur le bureau de mon collocataire, remplis de tablatures pour guitare. Peut-être est-ce un guitariste ? En fait, non, il ne sait rien jouer, mais… il aimerait bien. Ensuite, bref visite des toilettes : deux lavabos, sans eau chaude, et des WC turcs. Il n’y a que ça donc… il va falloir s’y faire ! Après avoir testé, c’est clair, c’est loin d’être idéal et les toilettes françaises vont terriblement me manquer (et encore, le mot est faible) ! Imaginez vous là dedans pour comprendre ! Pour la douche, les chinois utilisent une simple bassine qu’il remplisse d’eau froide et c’est tout. Pour nous, pauvre français, on nous a installé dès le premier jour en remplacement d’une chambre, des cabines de douche ultra modernes digne des système de cryogénisation du futur ! Il n’y a aucune pression, mais bon tant pis on fera sans, c’est déjà très bien comparé à ce qu’on aurait pu avoir.
Bienvenue à ma nouvelle maison… va falloir s’y faire…
On se rejoint tous au milieu pour aller déjeuner, car on nous a préparé une cafétéria (qui n’existera que l’espace de ce midi là). Là je prends un peu de tout sur mon plateau, mais finalement rien n’est véritablement excellent. On se tape de grands fous rires, mais je pense que c’est plutôt pour extérioriser une sorte d’angoisse. Ensuite, on a rencontré nos tuteurs, qui ont à peu près le même âge que nous. Moi j’ai un chinois qui se fait appelé Titan, qui ressemble d’ailleurs pas du tout à son prénom car il fait tout gentil, et une chinoise qui s’appelle Wangjing, tout aussi gentille.
Ohla et c’est là qu’on se dit que les pizzas de l’école à Paris n’étaient pas si dégueu qu’ça…
On a eu aussi une réunion avec le directeur de l’université, qui nous a expliqué, via un élève de chez nous qui a fait l’interprète, ce qu’il attendait de cette année. On a appris qu’on aurait Internet dans nos chambre sans doute mardi. Allez, on va survivre ! Pour les tunes, on a un système avec plusieurs cartes. Une carte de crédit chinoise normale qu’on nous a donné, sur laquelle on peut déposer des yuans directement dessus grâce à une machine se trouvant directement dans l’université. Il faut savoir qu’en Chine tout se paye partout rien qu’en monnaie, donc pas d’achat possible directement avec la carte… Pour ça, il y a un truc sympa là on est. Une carte utilisable uniquement dans l’enceinte, qu’on recharge grâce à l’autre carte, et avec laquelle on peut payer directement partout, même aux gens qui vendent de la nourriture en pleine rue.
Plus tard on s’est rejoint, moi, Scaroo, Loky, nos 6 chinois, et dans la nuit, nous sommes parti. Dans une rue fumante, avec des chinois qui font des barbecues tout le long, et à la lumières des magasins encore ouverts, nous sommes rentrés dans une salle où il y a de petites tables. Là on nous a servi une multitude d’assiettes, et on s’est goinfré : une soupe, des gros haricots, et du porc aux légumes, le tout très relevé. Et tout ça bien sur avec des baguettes (pas le choix là), et tous picorant dans la même assiette. En Chine, ça ne se fait pas de piocher plein de mets et les réunir dans sa propre assiette ! Mais c’était succulent et incomparable au repas du midi. En plus, nos nouveaux amis chinois sont très gentils et attentionnés, ce qui est parfois gênant et fait limite même un peu peur tellement que c’est exagéré ! Par exemple, à un moment j’ai laissé tomber une pièce par terre (non c’était pas voulu !), ils se sont jetés dessus pour me la ramasser… aussi au restaurant, on a demandé si il y avait de l’eau et Wangjing s’est précipité dans le magasin d’à côté nous acheter à chacun une bouteille d’eau. A la fin du repas, il restait à peu près la moitié des assiettes remplies… à priori il est impossible de finir un repas dans les restaurants car les portions sont toujours trop grosses donc le but c’est de partager… ce qu’on fera sûrement à force ! Le prix de tout ça… 5 yuans par personne, soit 50 centimes d’euros… et pour un repas super chargé !
Le soir on est rentré dans nos chambres. Là j’ai revu mon collocataire qui était complètement beurré, et on peut pas dire que c’était sympa car il comprenait rien et il était plutot lourd. Ca m’a foutu un coup de bourdon car j’aurais aimé tombé sur quelqu’un de plus… interressant peut-être, et tout ceux que j’ai rencontré autour le sont beaucoup ! Donc pas de chance. Je pense éventuellement changer de chambre, mais on verra plus tard. J’ai dormi avec une petite larme à l’oeil en repensant que je pourrais être à cette même heure dans un hammam avec Twiny… 🙁
Tout ça, c’est vieux maintenant… mais ça vous intéresse ? J’ai une centaine d’articles sur mes périples en Chine, avec des voyages, de l’amour, de l’émotion ! Laissez-moi un commentaire ci-dessous pour me dire si ça vous plaît, et dans ce cas je mettrai la suite 🙂 Merci !